OSER LA COULEUR POUR VOS INTÉRIEURS ! 1/2

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Comment combiner habilement les couleurs dans son intérieur en s'affranchissant des tendances sociétales actuelles plutôt tournées vers la sobriété et la neutralité ?

Travailler une déco et des intérieurs plus personnels en s'appuyant sur les couleurs pour rendre les lieux lumineux, attrayants et vivants.

Laisser les couleurs "parler", exprimer leur plein pouvoir pour être "la musique des yeux", comme l'a poétiquement écrit le peintre Eugène Delacroix.

C’est comme ça que j’apporte de la lumière autour de moi. Je mets de la couleur et encore de la couleur, ça rend les lieux joyeux, comme s’ils étaient ensoleillés. India Mahdavi (Architecte - Designer - Scénographe)

Sobriété chromatique ambiante et crainte du faux pas

La société occidentale qui est la nôtre a fait disparaitre les couleurs de notre quotidien depuis la fin des années 80. Nous évoluons dans un monde monochrome pour des raisons de consommation de masse, de goût et de tendance. Pour plaire à un public le plus large possible, notre environnement se décline plus souvent en 50 nuances de gris que de rose !

Actuellement, 3 voitures vendues sur 4 sont blanches, grises ou noires, rappelle Jean-Gabriel Causse dans son ouvrage "Les couleurs invisibles". En 1952, les trois quarts étaient rouges, vertes ou bleues. Cette tendance forte à la neutralité et à la sobriété chromatique se retrouve également dans les intérieurs et les ambiances décoratives.

Les très larges palettes de blancs des fabricants de peinture et toutes les teintes allant du gris-beige dit "grège" en passant par les multiples teintes dites "taupe" attestent de ce goût sobre et plutôt épuré.

Les styles Wabi-sabi, Japandi, les ambiances minimalistes et très dépouillées en vogue actuellement en sont également un témoignage.

L’essayiste David Batchelor a observé et théorisé cette tendance de fond du monde Occidental qu’il nomme « Chromophobia », ou la peur des couleurs.

Les couleurs seraient mal vues car associées à l’univers puéril et ludique de la petite enfance, mais aussi à une sorte de non raffinement. Le retentissement des couleurs et les émotions qu'elles suscitent les rendent potentiellement inquiétantes et clivantes.

Les couleurs ont donc été bannies ou réduites à de petites touches anecdotiques dans notre société alors même que leur pouvoir est immense sur nos humeurs, notre bien-être, notre capacité de concentration et notre créativité. L’auteur Betty Wood développe dans son ouvrage « The Healing Power of colors » une étude sur le pouvoir caché des couleurs et s’attache à démontrer la puissance des répercussions que peuvent avoir les couleurs sur notre bien-être mental et nos émotions.

Un ton seul n'est qu'une couleur, deux tons c'est un accord, c'est la vie. Henri Matisse

Se priver des couleurs par crainte de ne pas savoir les assortir reviendrait à se couper de l'énergie et de la chaleur qu'elles peuvent apporter à nos lieux de vie. Il y a certes une harmonie à trouver pour ménager les couleurs en présence, mais cette recherche d'équilibre chromatique est à la portée de tous.

Si vous êtes réticents à apporter de la couleur dans les pièces de vie dite "publiques" (salon, salle à manger) vous pouvez en revanche distiller de la couleur dans les pièce plus intimes de la maison (chambre, salle d'eau) ou dans les pièces de passage comme l'entrée.

Nous verrons dans le deuxième volet de cette publication quelques règles de base utiles à connaitre.